Collège de Gynécologie du Centre-Val de Loire
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£e traitement hormonal substitutif de la ménopause

Madame

Le traitement hormonal de la ménopause n'est pas obligatoire puisque la ménopause n'est pas une "ma1adie". Il peut pourtant améliorer votre qualité de vie et prévenir certaines des complications de la ménopause.

Afin de vous aider à prendre en connaissance de cause votre décision, vous trouverez ci-dessous les avantages et éventuels inconvénients de ce traitement.

Le principe du traitement

Il s'agit de remplacer après la ménopause les hormones ovariennes par les mêmes hormones sous forme de médicaments : oestrogènes et progestérone ou dérivés de la progestérone. En cas d'hystérectomie (ablation chirurgicale de l'utérus), on peut prescrire des oestrogènes seuls.

Ces hormones sont très proches des hormones naturelles et différentes de celles contenues dans les pilules contraceptives.

Les oestrogènes se présentent en France sous forme de gels, de timbres cutanés (patchs) d'aérosol et de comprimés, les progestatifs sous forme de comprimés. De plus des comprimés associant oestrogènes et progestatifs sont présentés en plaquettes comparables à celles des pilules contraceptives, et des patchs associent les deux hormones. Lorsque les deux hormones sont prescrites séparément, les oestrogènes sont souvent donnés 25 jours par mois ou sans arrêt. Les progestatifs sont prescrits pour une durée au moins égale à la moitié de celle des oestrogènes, ou, pour un traitement "sans règles", simultanément aux oestrogènes (25 jours par mois ou sans arrêt).

Votre médecin choisira avec vous la formule la plus adaptée à votre mode de vie, en tenant compte parfois de certains impératifs dictés par votre état de santé.

Les contre-indications du traitement hormonal substitutif de la ménopause

Elles sont peu nombreuses mais doivent néanmoins être respectées. Ce sont principalement les antécédents personnels de cancer du sein et de thrombose veineuse (phlébite profonde récente, embolie pulmonaire).

Quelques autres contre-indications, bien qu'elles ne soient pas formelles, doivent toujours être discutées de façon détaillée par votre médecin avant la prise d'une décision : par exemple antécédents de phlébite profonde ancienne, troubles hépatiques récents, " mastose " fibrokystique sévère, fibromes gênants que l'on ne désire pas opérer, endométriose sévère.

Les effets bénéfiques

La qualité de la vie

La restauration de la qualité de la vie est un des avantages les plus appréciables du traitement hormonal.

Celui-ci supprime rapidement (en moins d'un mois) la plupart des symptômes ressentis à la ménopause: bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, fatigue, déprime, douleurs articulaires et musculaires, insomnies, sécheresse vaginale, sécheresse de la peau, certaines migraines accentuées par la ménopause...

Cet effet n'est obtenu que si les doses d'oestrogènes sont adaptées: trop élevées, elles peuvent entraîner des gonflements, des douleurs de sein ou des règles hémorragiques; trop basses elles sont peu ou pas efficaces sur les symptômes de ménopause.

La prévention de l'ostéoporose

Toutes les femmes ne sont pas égales devant ce risque : certaines, même sans traitement hormonal, n'auront jamais d'ostéoporose.

Nous disposons d'examens capables d'évaluer le risque fracturaire, le plus utilisé est l'ostéodensitométrie, examen totalement indolore.
. L'ostéodensitométrie est indiquée en cas de facteurs de risque d'ostéoporose. Elle peut être utile en cas de prescriptions de faibles doses d'œstrogènes

Pour prévenir l'ostéoporose, l'exercice physique (gymnastique, vélo, marche, jogging), et l'absorption d'une ration calcique suffisante sont des compléments indispensables du traitement hormonal. Le tabagisme a un rôle particulièrement néfaste sur la densité osseuse.

La prévention des risques cardio-vasculaires

Les maladies cardio-vasculaires sont responsables de la majorité des décès des femmes de plus de 70 ans en France.

De nombreuses études laissaient penser que le traitement hormonal diminuait le risque d'infarctus du myocarde.
Deux études récentes, de très bonne qualité, effectuées aux Etats-Unis, ont montré au contraire une légère augmentation du risque d'infarctus du myocarde et d'accidents vasculaires cérébraux chez les femmes traitées. Les médicaments utilisés y étaient différents de ceux utilisés en France, les patientes relativement âgées (63 ans en moyenne), en surpoids ou obèses pour les deux tiers. Les résultats ne sont donc pas forcément applicables aux Françaises susceptibles d'être traitées, mais rien ne permet à ce jour de trancher.

Le traitement hormonal ne peut plus être pris dans le seul but de diminuer le risque cardio-vasculaire. Il n'est pas recommandé de débuter un traitement hormonal dans les suites d'un infarctus du myocarde.
Là encore, une bonne hygiène de vie (arrêt du tabagisme, activité physique comme gymnastique, vélo, marche, jogging, natation, alimentation équilibrée) est essentielle avec ou sans traitement hormonal.

La protection des fonctions intellectuelles

Les oestrogènes ont un effet favorable sur la mémorisation. Ils sembleraient diminuer ou reculer la survenue de la maladie d'Alzheimer, mais sont inefficaces une fois la maladie présente .

La prévention du cancer du côlon

Le traitement hormonal diminue de 30 % le risque de cancer du côlon.

Les effets secondaires possibles du traitement substitutif de la ménopause

Le traitement peut ne pas répondre à ses promesses, ou être responsable d'effets secondaires: douleurs des seins, sensations de gonflement, règles hémorragiques. Ces effets sont rapidement réversibles après adaptation des doses hormonales.

Bien que les médecins disposent de schémas de " traitements sans règles ", on ne peut entièrement garantir l'absence de règles avec ceux-ci, surtout chez les femmes ménopausées depuis peu (5 à 20% des femmes auront des règles, souvent minimes, parfois abondantes, ou même des saignements anarchiques avec ces traitements).

La "prise de poids" est la hantise de nombreuses femmes et représente parfois leur seul motif pour ne pas prendre ou pour arrêter le traitement.

Or, le traitement hormonal de la ménopause, s'il est bien équilibré, ne fait pas prendre de poids et aurait même un effet favorable sur la silhouette.

Les effets néfastes dont le traitement hormonal a été accusé

La survenue d'un cancer du sein

Ce cancer est extrêmement fréquent puisqu'il atteint 8 françaises sur 100 : un tiers de ces cancers apparaît avant 50 ans, un tiers entre 50 et 70 ans et un tiers après 70 ans.

La majorité des études consacrées aux rapports entre traitement hormonal et cancer du sein conclut à l'absence d'augmentation du risque de cancer du sein chez les femmes traitées depuis moins de 5 ans, et à la possibilité d'une très légère augmentation de ce risque pour des durées de traitement plus longues. Cette augmentation disparaît rapidement après l'arrêt du traitement. Les cancers du sein découverts sous traitement semblent de meilleur pronostic.
Dans tous les cas, il est admis que le traitement hormonal ne " donne " pas de cancer du sein, mais pourrait en accélérer légèrement l'évolution.
Par ailleurs, les femmes prenant un traitement hormonal sont beaucoup plus régulièrement suivies, ce qui permet un dépistage plus précoce des cancers du sein.

Cette éventuelle augmentation du risque de cancer du sein est à mettre en balance avec les effet bénéfiques des oestrogènes.

Le risque de cancer du col de l'utérus

n'est pas influencé par la prise d'un traitement hormonal de la ménopause.

La survenue d'un cancer du corps de l'utérus (endomètre)
Les œstrogènes pris isolément augmentent la fréquence du cancer du corps de l'utérus. L'association avec un progestatif supprime cette augmentation.
Le risque de cancer du corps de l'utérus n'existe plus chez les femmes hystérectomisées, ce qui explique que le traitement peut alors ne pas comporter de progestatif.
La survenue de phlébites

Le risque de phlébite augmente avec l'âge et l'obésité mais peu avec la ménopause. Quelques études récentes ont révélé une faible augmentation de ce risque sous traitement hormonal (comme sous pilule). On conseille donc d'arrêter le traitement hormonal en cas d'intervention chirurgicale ou d'autres situations à haut risque de phlébite. Certaines femmes sont prédisposées aux phlébites, on dépiste cette prédisposition en cas d'antécédents personnels ou familiaux de phlébite.

Les varices doivent être traitées mais ne constituent pas une contre-indication au traitement.

Au total

De nombreuses études montrent que l'espérance de vie des femmes traitées est égale à celle des femmes non traitées, et que leur qualité de vie est nettement améliorée. Des alternatives au traitement peuvent être prescrits en cas de bouffées de chaleur, de sécheresse vaginale ou d'ostéoporose, si la femme ne désire pas de traitement ou a une contre-indication à celui-ci.

La surveillance du traitement hormonal substitutif

Les indications et contre-indications éventuelles du traitement sont évaluées lors d'une première consultation, certains examens ou avis complémentaires peuvent être demandés. Le traitement est prescrit, adapté et son intérêt rediscuté lors de consultations semestrielles ou au plus annuelles, qui permettent le dépistage précoce de nombreuses anomalies (cancer, hypertension... ). Les femmes traitées sont ainsi mieux surveillées que les femmes non traitées.

Les examens complémentaires ne diffèrent pas de ceux proposés aux femmes sans traitement: une mammographie tous les deux ans chez les femmes sans facteur de risque mammaire particulier, un frottis de dépistage du cancer du col tous les 3 ans en l'absence de toute anomalie antérieure aux frottis ou d'anomalie à l'examen clinique, des investigations supplémentaires en cas de signes d'appels (par exemple une échographie et/ou une hystéroscopie en cas de saignements anormaux). Les dosages hormonaux sont habituellement inutiles.
Ces traitements et examens, dans leur immense majorité, sont remboursés par la Sécurité Sociale. La densitométrie osseuse reste un examen non remboursé.

En conclusion

Le traitement hormonal peut améliorer votre qualité de vie et prévenir une éventuelle ostéoporose. Il doit être personnalisé, adapté à chaque femme, et motivé par des bénéfices estimés en fonction de chaque cas individuel.
Ses avantages et inconvénients sont à discuter et à réévaluer régulièrement.
N'hésitez pas à en parler à votre médecin qui vous fournira de plus amples informations.

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