Collège de Gynécologie du Centre-Val de Loire
Journée d'infectiologie du 7 septembre 2002

L'herpès génital à quatre mains
Suzanne BRAIG (gynécologue) Bruno CHANZY (virologue)
Centre Hospitalier d'Annecy

 


L'herpès génital est une maladie virale dont l'agent responsable est le virus herpès simplex type 1 ou 2. Il s'agit d'une infection sexuellement transmissible dont la séroprévalence est en augmentation constante dans les pays occidentaux. Le virus acquis reste latent dans l'organisme, abrité dans le ganglion des neurones sensitifs de la moelle épinière. Il peut donner des récurrences pendant toute la vie de l'individu infecté. Sa propagation est assurée par la transmission lors de rapports sexuels non protégés au moment de poussées symptomatiques, d'excrétion virale asymptomatique ou lors de poussées cliniques non diagnostiquées comme étant de l'herpès génital. La contamination par des rapports oro-génitaux au moment d'une poussée symptomatique ou asymptomatique d'herpès labial est également possible. L'augmentation de ces pratiques rendrait compte de l'augmentation de la proportion d'HSV1 parmi les herpès génitaux. (40% HSV1 lors des primo-infections).
L'herpès génital est une maladie bénigne qui peut devenir invalidante pour un patient par la fréquence et/ou l'intensité des récurrences. Certaines primo-infections symptomatiques sont très douloureuses. Une attention particulière doit être apportée au risque de transmission d'HSV1 ou HSV2 à l'accouchement en cas d'excrétion virale dans la filière génitale au moment du passage du nouveau-né.
La grossesse représente en effet une situation tout à fait paradoxale dans l'histoire naturelle de l'herpès génital : face au caractère généralement bénin mais fréquent de l'herpès génital dans la population générale, s'oppose l'extrême gravité des rares cas d'herpès néonatal (<1/35000 cas par an) acquis au moment de l'accouchement. La prise en charge de l'herpès génital pendant la grossesse a fait l'objet, en France de recommandations récemment actualisées sous forme d'une conférence de consensus en 2001. Les connaissances concernant l'épidémiologie et l'histoire naturelle de la maladie ont considérablement évoluées, de nouveaux outils diagnostiques ont été développés et, l'expérience aidant, de nouvelles approches thérapeutiques ont été évaluées, à défaut d'être validées. Ces nouveautés doivent-elles pour autant nous inciter à envisager de nouvelles stratégies pour diminuer (encore) la transmission materno-fœtale du virus herpes simplex (HSV) ?

Objectifs de la Conférence de consensus 2001 :

Valeur diagnostique de l’examen clinique

Quand faut-il faire le diagnostic virologique (Recommandations Conférence Consensus 2001) ?

Comment faire le diagnostic virologique: la culture?

Place de la sérologie dans le diagnostic:

Indications de la sérologie dans l ’herpès génital
situations
Test
Commentaire
symptomatique, isolement +
Aucun
symptomatique, isolement -
Classique

Type spécifique

Valeur prédictive négative élevée (VPN) en dehors primo infection

Intérêt dans HSV-2 uniquement 

grossesse, première manifestation d’herpès génital 
Classique

Type spécifique

Intérêt en cas d'herpès génital primaire 

Distingue primo/récurrence HSV2

histoire d'herpès génital récurrent non documenté
Classique 

Type spécifique 

VPN élevée 

VPN élevée. Valeur prédictive élevée (VPP) uniquement en cas HSV-2 + 

couples séro-différents 
Type spécifique 
Prévention 
asymptomatique, risque > 8 S
Classique 

Type spécifique 

VPN élevée 

Intérêt dans HSV-2 uniquement Pas de datation possible

Diagnostic virologique

Culture virale
antigène par IF
antigène par ELISA
PCR 
Nature prélèvement
Ecouvillon frottis/tissu
Ecouvillon frottis/tissu
Ecouvillon
Ecouvillon frottis/tissu
Sensibilité
+++
++ 
++++ 
Spécificité 
+++ 
+++ 
+++ 
+++ 
Avantages 
Type de virus 
Sensibilité antiviraux
Faible coût 
Faible coût 
rapidité 
Sensibilité 
rapidité
Inconvénients
Transport 
Labo spécialisé
Peu sensible 
Peu sensible (si lésions -)
Peu de trousses 
Coût 
Labo spécialisé
Coût/remboursement
26 à 39 € / oui 
10,4 € / oui 
18,2 € / oui
56 à 156 € / non

Primo-infection au premier trimestre:

Risque de transmission per natale en cas de primo infection au cours du troisième trimestre = 50%

Pourquoi le diagnostic virologique: la clinique ne suffit pas

Histoire naturelle de l ’herpès génital

Le traitement antiviral prophylactique

Traitement antiviral

Primo-infection
Valaciclovir 500
2cp/j
10jours
Aciclovir 200
1cp 5fois/j
10 jours
Récurrence
Valaciclovir 500
2 cp/j
5 jours
Aciclovir 200
1 cp 5fois/j
5 jours
Prophylactique
Valaciclovir 500
1cp/j
6 mois renouvelable
Aciclovir 200
2cp 2fois/j
6mois renouvelable

Cas clinique numéro 1:

Mme Jane Eco, 25 ans consulte pour ulcérations génitales évoquant en priorité l’herpès génital:
Votre attitude?
La culture virale revient positive à HSV2:
Traitement:
Elle revient 4 jours plus tard

Cas clinique numéro 2:

Vous arrêtez le ttt, lui prescrivez une sérologie non type-spécifique et lui dites de revenir pendant une récurrence
Elle vous parle de son désir de grossesse et de sa crainte d’attraper l’herpès génital de son conjoint. Vos conseils?
Couples sérodifférents
Transmission < 10% par an
Séroconversion en cours de grossesse de la femme négative: 2,1%
Prévention de la transmission

Cas clinique numéro 3

Que faire?
Suspicion de récurrence d’herpès génital en fin de grossesse: Interet du diagnostic virologique en dehors de la grossesse pour toute lésion suspecte même typique
Coût

Cas clinique numéro 4

Femme enceinte ayant eu un épisode d’ulcération génitale non étiquetée un mois avant terme. Pas d ’antécédent personnel
Votre attitude?

Particularités de la prise en charge chez la femme enceinte

Recommandations Conférence Consensus 2001: traitement pendant la grossesse

Recommandations Conférence Consensus 2001: conduite par rapport à l'accouchement
 
 

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